Show me a hero

Depuis une dizaine d'années, j'ai cette petite idée dans un tiroir. Une série télé qui présenterait le quotidien de politiciens, présentés comme des super héros. Peut-être en insérrant des passages où ils se verraient les uns les autres en justaucorps et collans multicolores. Ou alors par un habile jeu de mise en scène, suggérer des regards lasers, ou des costumes moulants cachés sous les costards. Mais avec, au final, l'idée de mettre en évidence leurs egos, leurs ambitions, leurs capacités parfois hors du commun.

Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'une série télé.

Les 6 épisodes de Show me a hero ont été diffusés sur HBO en 2015, et conçus par David Simon. Si ce nom ne vous dit rien, vous avez de la chance. Vous avez devant vous 5 saisons de ma série favorite à découvrir : The Wire.

Ces deux séries ont beaucoup en commun. On retrouve des thèmes similaires, une construction chorale, un réalisme quasi-historique. J'ai été très ému en les regardant. Et j'ai ressenti un élan d'inspiration, un frissonnement, une envie de prendre ces personnages pour modèle. Quelque chose que je retrouve dans les séries d'Aaron Sorkin.

Comme je déteste les "spoilers", je vais me livrer - en quelques mots - à ce délicat exercice d'équilibriste qui consiste à essayer de donner envie de visionner cette série, tout en en parlant le moins possible.

Nick Wasicko et sa femme admirant la vue sur le balcon de leur nouvelle maison

En bref, il est question de la vie politique à la fin des années 80 à Yonkers, une petite ville des Etats-Unis, et notamment du débat autour de la construction de logements sociaux.

Des le premier épisode, deux morceaux de Bruce Springsteen débutent la bande son et installent l'ambiance. Les accents des personnages sont marqués. La lumière sur chaque plan magnifiquement maîtrisée. Style vestimentaire, coupes de cheveux, intérieurs d'appartements et extérieurs urbains... tout est d'époque, impeccable.

Doreen Henderson quittant son appartement avec ses enfants

Petit à petit, on suit les trajectoires croisées d'une vingtaine de personnages. Tantôt des habitants des "projects", les cités HLM américaines, tantôt des politiciens, conseillers municipaux ou membres de l'administration.

En terme de narration, cette minisérie utilise une astuce redoutable : au fil des épisodes, des pistes (et parfois des fausses pistes !) sont discrètement amenées pour expliquer la toute première scène de la série, quelque peu énigmatique.

Nick Wasicko, pensif, assis seul dans un escalier, le verso d'uncadran d'horloge au-dessus de lui

Un personnage central se détache : Nick Wasicsko, jeune candidat au poste de maire. Ambitieux, idéaliste, il évoluera du tout au tout au cour de la série.

Une chose qui m'a frappé : tous comme les autres personnages politiques de la série, on le voit assez régulièrement désoeuvré, en totale opposition avec les personnages féminins issus des citées.

Nick Wasicko s'observant dans un miroir

Bien plus que Nick Wasicko, trop prévisible à mon goût, l'histoire de Doreen Henderson m'a véritablement scotché.

Sans rien déflorer, elle joue un rôle discret mais incroyablement poignant, en miroir complet de Nick.

Doreen Henderson & Mary Dorman en voiture

Bref, je ne peux que vous recommander chaudement cette série. Sans être exempt de défauts - l'intrigue centrale monopolise vraiment excessivement la vie politique de la ville - c'est une petite perle à mettre entre toutes mains.

Et cérise sur le gateau, le dernier épisode se conclut avec des photos d'époques, faisant échos à des moments clefs de la série.

Doreen Henderson speaking at a Canopy meeting

Quant à mon idée de série, je vais la garder dans un coin de tiroir pour le moment ;)